Il vit seul dans les Andes à plus de 4.000 mètres d'altitude, mâche
des feuilles de coca et fait sa cuisine: à 123 ans, Carmelo Flores
Laura serait l'homme le plus vieux du monde, selon les registres
officiels boliviens.
Avec en toile de fond le majestueux Nevado d'Illampu, qui culmine à
6.382 mètres d'altitude, une des plus hautes montagnes de Bolivie,le
vieil homme coule des jours paisibles dans le hameau perdu de Frasquia, à
l'ouest de La Paz près du lac Titicaca.
Vêtu de ponchos superposés et portant un bonnet surmonté d'un
chapeau à larges bords pour affronter les températures extrêmes de
l'altiplano, il marche sans aucune aide et n'a plus de dents.
Il confie à l'AFP «avoir parfois quelques douleurs» à la poitrine et
à l'estomac mais ne prend pas de médicaments. Toute sa vie, dit-il en
langue aymara que traduit un interprète, il a travaillé comme
journalier.
«Avant, il n'y avait rien à manger, je devais parfois me contenter
de lézards ou de serpents. Je leur ouvrais le ventre et je me préparais
une friture ou les mettais dans la soupe», raconte-t-il.
«Maintenant, je peux acheter du riz, des vermicelles» qu'il prépare
lui-même sur un petit fourneau au flammes avivées par de la bouse de
lama, ajoute-t-il.
Carmelo Flores Laura a affirmé être né à la fin du 19e siècle, dans
des déclarations à une chaîne de télévision locale cette semaine.
Le Tribunal Electoral de Bolivie a confirmé à l'AFP que «monsieur
Carmelo Flores Laura est inscrit dans les registres, sa date de
naissance est le 16 juillet 1890 et il vit dans la commune de
Frasquía, où il est agriculteur».
Les autorités de La Paz ont indiqué que ces documents seraient
envoyés au Livre Guinness des Records pour qu'il puisse être homologué
comme l'homme le plus vieux du monde.
La plus vieille personne vivante dont l'âge est officialisé par une
preuve de sa naissance est la Japonaise Misao Okawa, âgée de 115 ans.
Marié à une veuve
Le record de la plus vieille personne identifiée revient à la
Française Jeanne Calment, décédée à l'âge de 122 ans en 1997. Carmelo
Flores vit seul dans une masure au toit de paille et au plancher en
terre battue sans eau courante.
Arrivé très jeune dans le village en quête de travail, il est tombé
amoureux d'une veuve qu'il a épousée et avec laquelle il a eu trois
enfants.
«Elle est morte il y a longtemps», dit-il, tandis que son petit-fils
Edwin, âgé de 27 ans et venu lui rendre visite se rappelle que sa
grand-mère avait alors 107 ans.
Comme son épouse, deux de ses trois fils sont décédés. «Il ne me
reste plus qu'un fils, Cecilio», qui vit à El Alto dans la banlieue de
La Paz, dit l'aïeul, ému. Il a aujourd'hui 14 petits-enfants et 39
arrière-petits-enfants.
Recruté pour la Guerre du Chaco
Frasquía abrite une cinquantaine de maisons entourées de potagers
semés d'oignons, de pommes de terre et de fèves, arrosés par les
ruisseaux venus de la cordillère.
Le hameau dispose également d'une école et d'un dispensaire, mais
les villageois doivent parcourir les chemins de montagne pendant trois
heures avant de pouvoir s'approvisionner à Arista, la bourgade le plus
proche.
Mâchant les feuilles de coca, une coutume ancestrale dans les Andes,
pratiquée notamment pour combattre les effets de l'altitude, Carmelo
Flores évoque des souvenirs lointains, comme lorsqu'il a été recruté
pour se battre comme soldat dans la Guerre du Chaco, opposant la Bolivie
au Paraguay (1932-1935), un des conflits les plus sanglants ayant
touché l'Amérique latine au XXe siècle.
Du fond de sa mémoire remontent d'autres images de combats lointains
et de révolutions passées. «Nous nous sommes battus avec des bâtons
et des frondes», dit-il, même s'il ne se souvient plus très bien en
quelle année.
Doña Francisca Aruquipa, 80 ans, intervient et affirme «bien
connaître Carmelo». «C'est mon voisin, mon aîné, dit-elle en aymara. Il
aimait beaucoup danser».
Avec AFP
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