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vendredi 27 août 2010

Violences au Mexique: quand les cartels de la drogue se déchaînent















Ce sont presque 100 corps de victimes des cartels de la drogue qui ont été retrouvés cette semaine au Mexique. Ces découvertes macabres sont presque quotidiennes dans un pays qui est plus que jamais sous le joug de ces organisations criminelles, notamment dans les régions frontalières avec les Etats-Unis. Décryptage.

Qui sont ces cartels?
Si les organisations criminelles pullulent au Mexique, il existe en réalité quatre principaux cartels qui se partagent le pays: le cartel du Golfe, les Zetas, le cartel Sinaloa et la Familia. Leur importance tient au fait qu’ils sont les seuls «qui ont réussi à construire des routes transnationales afin d’acheminer la drogue andine vers les Etats-Unis», explique à 20minutes.fr Jean Rivelois, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et spécialiste des phénomènes de violence générés par les organisations criminelles de la drogue.


«Ils perdurent notamment parce qu’ils ont une forte capacité de corruption des autorités locales (police, armée, douanes)», ajoute Jean Rivelois. Ils sont organisés comme des entreprises, avec des employés recrutés dans les couches pauvres de la population. Il n’y a guère que les Zetas qui affichent l’originalité d’avoir été constitués par d’anciens militaires d’élite à la fin des années 1990.

De quoi vivent-ils?
Principalement du trafic de drogue, mais également du trafic d’être humains (immigrés clandestins volé et rançonnés), de vol de carburant, de la prostitution, du kidnapping, des «impôts criminels» qu’ils font payer aux entreprises dans certaines régions. Selon la Commission mexicaine des Droits de l'homme, de septembre 2008 à février 2009, 10.000 clandestins ont été enlevés par des cartels, pour un «chiffre d'affaires» de 25 millions de dollars (environ 19,7 millions d'euros).

Comment expliquer le déferlement de violence actuel?
Le gouvernement a arrêté les principaux chefs des cartels. Or ceux-ci contribuent à la pacification des relations entre les différentes organisations. «Comme ils sont en prison, les cartels se déchaînent les uns contre les autres pour des querelles de territoires et de marchandises», indique Jean Rivelois. Les autorités locales attribuent plus de 1.000 morts chaque année à leurs affrontements dans le nord-est du Mexique et depuis fin 2006, il y a eu déjà 28.000 victimes dans tout le pays.

Qui sont les victimes de cette violence?
Comme il s’agit la plupart du temps de règlements de compte, la majorité des victimes sont des criminels. Mais il peut aussi s’agir d’immigrés clandestins comme ce fut le cas des 72 dernières victimes retrouvées mercredi. «C’est de la main d’œuvre potentielle, soit ils acceptent, soit ils sont assassinés», décrit Jean Rivelois qui craint que cette violence ne déborde sur les civils. Afin de déstabiliser le gouvernement, les cartels pourraient s’en prendre à la population voire aux touristes «pour montrer que l’Etat ne peut rien faire pour leur protection».

Que fait le gouvernement mexicain pour lutter contre les cartels?
Depuis l’élection de Felipe Calderon en 2006, il a entamé, sous l’impulsion des Etats-Unis, une guerre frontale contre la drogue avec un renfort militaire de 50.000 hommes en complément de la police. Mais à cause de l’importante corruption à presque tous les niveaux de l’administration, «il est d’abord obligé de lutter contre lui-même», précise Jean Rivelois. Par l’intermédiaire du Plan Merida, mis en place en 2008, les Etats-Unis aident le Mexique, notamment en lui fournissant des armes. Le problème, c’est que le pays fait face à un accroissement de la violence et la corruption est toujours là.

Pourquoi cette «guerre» est-elle vouée à l’échec?
Parce qu’elle est dans une stratégie répressive. «Les narcotrafiquants ont une légitimité sociale, ils offrent un développement de substitution dans les campagnes en redistribuant les richesses», explique Jean Rivelois. «La solution, c’est de lutter contre la corruption et donner du travail aux gens, faire du développement, notamment dans les zones rurales et dans la périphérie des villes où l’Etat n’intervient jamais», renchérit le chercheur.

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