Après l’échec de Copenhague, les Nations unies devaient sauver la face. Samedi, à Cancun, les pays réunis pour le sommet sur le climat ont réussi à se mettre d’accord sur un texte qui, s’il prouve que les négociations internationales fonctionnent encore, ne donne pas d’objectifs précis et compromet toujours plus la possibilité de limiter le réchauffement climatique à 2°C d’ici à 2050. Un accord pour la forme?
Les raisons de se réjouir
- Un «Fonds vert» sera créé pour «soutenir des projets, programmes et politiques des pays en développement». Point d’achoppement depuis plusieurs années, les efforts des pays du Sud pour réduire leurs émissions seront donc soutenus par des fonds provenant des pays industrialisés, à hauteur de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Le fonds sera géré par la Banque mondiale en attendant la nomination d’un administrateur dédié. Toutefois, l’origine des fonds qui l’alimenteront n’a pas encore été précisée.
- Un «Centre de technologie pour le climat» devrait permettre des transferts de technologie «propre» des pays industrialisés aux pays en développement.
- La lutte contre la déforestation se renforce: l’accord de Cancun veut « ralentir, arrêter et inverser la perte du couvert forestier » dans le monde, en impliquant les populations locales dans la gestion des forêts. Pas plus de précisions concernant le contrôle de la reforestation ni sur la possibilité de financer la non-déforestation avec le marché du carbone.
- L’accord prouve surtout que les négociations des Nations unies peuvent encore aboutir à un consensus et restaure la confiance perdue après Copenhague dans le processus onusien.
Les points qui restent dans l’ombre
- L’accord de Cancun reste timide sur les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre: de 25 à 40% d’ici à 2020 (par rapport au niveau de 1990) pour contenir la hausse des températures à +2°C par rapport à la période pré-industrielle (début du 20e siècle). Seuls les pays signataires du protocole de Kyoto sont concernés, donc pas les Etats-Unis, deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre dans le monde.
- Des révisions de l’objectif de +2°C d’ici à 2050 sont prévues pour que les dernières données scientifiques, produites notamment par le Giec (groupement intergouvernemental d’experts sur le climat), soient prises en compte. Mais sans objectif contraignant, chiffré et daté, une révision ne changerait pas grand-chose aux politiques mises en Å“uvre par les pays.
- L’avenir du protocole de Kyoto devra être décidé l’année prochaine à Durban, en Afrique du Sud, où se tiendra la prochaine conférence des Nations unies. Ce protocole, en vigueur depuis 2005, n’est ainsi pas condamné mais le temps sera compté pour qu’il n’y ait pas de rupture entre la fin de la première période d’engagement (fin 2012) et la seconde, si elle a lieu.
— Audrey Chauvet
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