La crise qui touche la Libye inquiète les pays du Vieux Continent...
Les manifestations contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi, réprimées dans le sang, ont gagné Tripoli ce week-end. Un soulèvement populaire qui inquiète les pays européens, à cause de la flambée des cours du pétrole brut, mais aussi du fait des liens économiques tissés avec la Libye, ou encore du risque de voir une vague d’immigrés déferler sur le continent...
Les manifestations contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi, réprimées dans le sang, ont gagné Tripoli ce week-end. Un soulèvement populaire qui inquiète les pays européens, à cause de la flambée des cours du pétrole brut, mais aussi du fait des liens économiques tissés avec la Libye, ou encore du risque de voir une vague d’immigrés déferler sur le continent...
La peur de la flambée des prix du pétrole
La crise que connaît la Libye depuis une semaine a provoqué une flambée des cours du pétrole brut. Ce lundi, le baril de brut pointe ainsi à 105 euros. Avec 1,6 million de barils produits par jour, la Libye, membre de l'Opep, est le troisième producteur pétrolier d'Afrique derrière le Nigeria et l'Angola. Elle détient les plus grosses réserves de pétrole d'Afrique et exporte 80% de son or noir vers l'Europe, en particulier l'Italie, son ancienne puissance coloniale.
La France importe pour sa part seulement quelque 6,5% de sa consommation journalière de Tripoli, soit l’équivalent de 133.000 barils par jour. Une faible dépendance au brut libyen, mais les prix à la pompe vont tout de même augmenter.
La crise que connaît la Libye depuis une semaine a provoqué une flambée des cours du pétrole brut. Ce lundi, le baril de brut pointe ainsi à 105 euros. Avec 1,6 million de barils produits par jour, la Libye, membre de l'Opep, est le troisième producteur pétrolier d'Afrique derrière le Nigeria et l'Angola. Elle détient les plus grosses réserves de pétrole d'Afrique et exporte 80% de son or noir vers l'Europe, en particulier l'Italie, son ancienne puissance coloniale.
La France importe pour sa part seulement quelque 6,5% de sa consommation journalière de Tripoli, soit l’équivalent de 133.000 barils par jour. Une faible dépendance au brut libyen, mais les prix à la pompe vont tout de même augmenter.
Peur sur le business
Côté affaires, c’est surtout l’Italie qui est inquiète, en raison des liens historiques et économiques entre les deux pays. En témoigne le vent de panique qui a soufflé sur la Bourse de Milan lundi, qui a perdu 3,6%. L'ancienne puissance coloniale est en effet le premier partenaire commercial de Tripoli: en 2009, l'Italie était le premier débouché des exportations libyennes (20%) et le premier exportateur en Libye, avec une part de marché de 17,5%. 180 entreprises italiennes sont installées sur place (banques, BTP, défense, aéronautique, transport, énergie…).
De son côté, le régime de Kadhafi a investi ses pétrodollars dans les entreprises de la péninsule: l'été dernier, la Libye est devenue – via le fonds souverain Libyan Investment Authority (LIA) - le premier actionnaire du groupe bancaire UniCredit. Le LIA détient par ailleurs depuis fin janvier 2,01% du groupe d'aéronautique et de défense Finmeccanica, contrôlé par l'Etat italien. La Libye détiendrait également environ 0,5% du groupe pétrolier ENI. Ce dernier est le premier producteur étranger de pétrole en Libye, dont l'Italie reçoit près du tiers.
Au total, la valeur des participations détenues par la Libye en Italie s'élève à 3,6 milliards d'euros, selon le quotidien Il Sole 24 Ore.
Côté affaires, c’est surtout l’Italie qui est inquiète, en raison des liens historiques et économiques entre les deux pays. En témoigne le vent de panique qui a soufflé sur la Bourse de Milan lundi, qui a perdu 3,6%. L'ancienne puissance coloniale est en effet le premier partenaire commercial de Tripoli: en 2009, l'Italie était le premier débouché des exportations libyennes (20%) et le premier exportateur en Libye, avec une part de marché de 17,5%. 180 entreprises italiennes sont installées sur place (banques, BTP, défense, aéronautique, transport, énergie…).
De son côté, le régime de Kadhafi a investi ses pétrodollars dans les entreprises de la péninsule: l'été dernier, la Libye est devenue – via le fonds souverain Libyan Investment Authority (LIA) - le premier actionnaire du groupe bancaire UniCredit. Le LIA détient par ailleurs depuis fin janvier 2,01% du groupe d'aéronautique et de défense Finmeccanica, contrôlé par l'Etat italien. La Libye détiendrait également environ 0,5% du groupe pétrolier ENI. Ce dernier est le premier producteur étranger de pétrole en Libye, dont l'Italie reçoit près du tiers.
Au total, la valeur des participations détenues par la Libye en Italie s'élève à 3,6 milliards d'euros, selon le quotidien Il Sole 24 Ore.
La peur de la vague d’immigrés clandestins
En dehors de liens économiques, l’Italie et la Libye sont également liées sur le plan migratoire: quelque 1.500 citoyens italiens sont en effet installés en Libye. Cependant, ce ne sont pas tant les immigrés libyens que craint l'Italie, et par extension l’Union européenne, mais les immigrés tout court.
Véritable porte d’entrée vers l’Europe, la Botte pourrait voir débarquer «des dizaines et des dizaines de milliers des personnes» sur ses côtes, explique Franco Frattini, le chef de la diplomatie italienne. En effet, l’Italie, déjà submergée par l’arrivée de milliers de Tunisiens qui ont trouvé refuge à Lampedusa après la chute du régime de Ben Ali, craint que cet exode ne s’aggrave.
La Libye et l’Italie ont en effet signé en août 2008 un traité «d’amitié et de coopération», qui permet à Rome d’avoir «moins de clandestins et plus de gaz et de pétrole libyen», comme l’expliquait en juin 2009 Silvio Berlusconi. Or, si la Libye venait à ne plus patrouiller dans le canal de Sicile, les frontières italiennes, et donc européennes, perdraient encore de leur étanchéité.
— Bérénice Dubuc
En dehors de liens économiques, l’Italie et la Libye sont également liées sur le plan migratoire: quelque 1.500 citoyens italiens sont en effet installés en Libye. Cependant, ce ne sont pas tant les immigrés libyens que craint l'Italie, et par extension l’Union européenne, mais les immigrés tout court.
Véritable porte d’entrée vers l’Europe, la Botte pourrait voir débarquer «des dizaines et des dizaines de milliers des personnes» sur ses côtes, explique Franco Frattini, le chef de la diplomatie italienne. En effet, l’Italie, déjà submergée par l’arrivée de milliers de Tunisiens qui ont trouvé refuge à Lampedusa après la chute du régime de Ben Ali, craint que cet exode ne s’aggrave.
La Libye et l’Italie ont en effet signé en août 2008 un traité «d’amitié et de coopération», qui permet à Rome d’avoir «moins de clandestins et plus de gaz et de pétrole libyen», comme l’expliquait en juin 2009 Silvio Berlusconi. Or, si la Libye venait à ne plus patrouiller dans le canal de Sicile, les frontières italiennes, et donc européennes, perdraient encore de leur étanchéité.
— Bérénice Dubuc
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire