DÉCRYPTAGE - En majorité jeunes, ils sont partis des villes côtières tunisiennes où le taux de chômage crève le plafond, et espèrent trouver une vie meilleure...
En cinq jours, quelque 5.000 Tunisiens, dont un millier dans la seule nuit de samedi à dimanche, ont débarqué à Lampedusa, petite île italienne proche des côtes tunisiennes. Qui sont-ils? Qu’est-ce qui les a poussés à s’exiler au moment même où leur pays se démocratise? 20minutes.fr fait le point...
Qui sont-ils et d’où viennent-ils?
Ils sont en majorité jeunes et sont partis des villes situées sur les côtes tunisiennes, que ce soit Ben Guerdane, Tataouine, Médenine, Gabes, Sfax ou Zarzis. Des villes du sud de la Tunisie où le taux de chômage est particulièrement important. Ces stations balnéaires ont par ailleurs été désertées par les touristes depuis les événements qui ont accompagné la Révolution du Jasmin. Parmi les migrants, beaucoup travaillaient dans le tourisme, qui représente 6,5% du PIB tunisien et plus de 350.000 emplois, mais qui a subi de plein fouet les effets négatifs de la crise.
Pourquoi sont-ils partis?
Un mois à peine après la chute du président Ben Ali, tous se disent incertains de l’avenir aussi bien économique que politique de leur pays, à la dérive. Il ne faut pas oublier qu’au départ de la contestation qui a mené à la révolution de Jasmin, les Tunisiens réclamaient du travail et à manger. Selon le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), certains de ces migrants «fuient la pauvreté et les grèves», d'autres «ont demandé l'asile politique», et enfin, quelques-uns «disent qu'ils veulent juste attendre et voir ce qui se passera en Tunisie».
Pourquoi ont-ils choisi Lampedusa?
C’est l’étape vers l’eldorado européen où ils espèrent trouver un emploi, un toit, une vie plus facile. Alors qu’avant ils passaient par la Libye, la petite île italienne située à seulement 138 km des côtes tunisiennes constitue désormais la porte d’entrée la plus accessible vers l’Europe. En effet, conséquence du soulèvement populaire dans le pays, les forces de sécurité ont relâché leur vigilance sur cette zone maritime.
Un nouvel afflux est-il à craindre?
Selon l'Organisation internationale sur les migrations (OIM), les arrivées de migrants tunisiens sur l'île italienne ont cessé lundi, et les forces de l'ordre ont renforcé les contrôles sur les côtes tunisiennes. Cependant, vu la situation économique et le taux de chômage record, les migrations risquent de se poursuivre. Selon des sources sécuritaires citées par le quotidien Effadah, les autorités tunisiennes ont arrêté en fin de semaine dernière entre 1.000 et 1.500 candidats à l'émigration.
Mehdi Houas, le ministre du Tourisme tunisien, résume bien la situation: «La situation n’a pas changé, les pauvres du Sud veulent toujours rejoindre l’eldorado du Nord. Ce n’est pas parce que l’on s’est débarrassé de la dictature que tout s’est arrangé. Il y a toujours 10 millions d’habitants, dont certains pensent qu’il n’y a plus d’espoir.»
— Bérénice Dubuc
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