Il faut marcher longtemps dans le bivouac pour entendre une remarque   déplacée sur Nasser Al-Attiyah. Tous ceux qui croisent le vainqueur du   Dakar (chez les autos) ne s'expriment qu'en termes élogieux. Presque   zélateurs. Dans le pire des cas, ses rivaux ne s'expriment pas. «C'est   un beau vainqueur, s'incline Stéphane Péterhansel, 4e au général. Il   mérite de gagner et en plus il est super sympa.» Le genre de gars qui   n'avance pas avec des Å“illères et partage toujours son expérience avec   celle de ses voisins. Isabelle Patissier témoigne: «Il vient souvent   nous parler même si on a une toute petite voiture. C'est quelqu'un   d'attentionné et agréable.» Pour faire simple, l'anti-Carlos Sainz, son   coéquipier chez Volkswagen. L'un des rares pilotes à la table duquel il   ne pourrait s'asseoir pendant le Dakar... 
Celui qu'on surnomme «Superman» à Doha a su séduire dans un monde où il   s'est pointé pour la première fois en 2004. A l'époque, le Qatari avait   déjà l'ambition de bousculer la hiérarchie en place. «ÃŠtre le premier   sportif d'un pays arabe à remporter cette course représente beaucoup.  Le  sport automobile est très populaire chez moi. Chaque année, on grandit  un peu plus.  C'est une étape très importante pour mon pays.» Sûrement la  plus grande  victoire sportive de l'histoire du Qatar.
Le titre olympique à Londres... en tir aux pigeons
Là où on nationalise les sportifs à tour de bras, Al Attiyah est une   sorte de phare. Le seul athlète de haut niveau né à Doha. Mais aussi le   meilleur ambassadeur d'un État qui accueillera la Coupe du Monde 2022 et  dont la culture sportive prête à débat. «Nasser, c'est vraiment le  fils  du pays», explique Paul Fadel, ami du pilote qui le suit toute  l'année  pour Al Jazeera. Il incarne les valeurs que le prince héritier  souhaite  promouvoir.» Car à 40 ans, le garçon est du genre insatiable.  En marge  des rallyes, il passe son temps sur les compétitions de  ball-trap, le  tir au pigeon olympique. Il participe même aux Jeux  depuis 1996 et rêve  ouvertement d'un titre à Londres, après sa 4e place  d'Athènes.
«C'est vraiment la coqueluche du sport chez nous, enchaîne Fadel. Il a   dépassé les athlètes kenyans nationalisés ou les footballeurs finalistes   du Mondial des moins de 20 ans en 1981.» Le Qatar ne compte pas non   plus beaucoup d'ambassadeurs de l'Unesco, fils d'un membre de la famille   royale, fondateur d'académie sportive et futur papa l'été prochain. Un   vrai VRP de luxe, à douze ans de l'organisation du Mondial. Au moins  sur  le bivouac, personne n'attendra jusque-là pour placer le Qatar sur  une  carte.
     Romain Scotto, à Buenos Aires  





 
 


						
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