Les Tunisiens sont descendus en masse dans les rues de leur pays dans la nuit de jeudi à vendredi pour profiter d'un souffle nouveau de liberté après les annonces du président Zine el Abidine Ben Ali.
Dans une allocution télévisée après quasiment un mois de contestation dans la rue, le chef de l'Etat, au pouvoir depuis 1987, a annoncé qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat en 2014. Il a aussi promis la liberté de la presse, la levée des restrictions au fonctionnement des sites internet ou encore l'interdiction faite aux forces de l'ordre de tirer sur les manifestants.
Les Tunisiens ont dansé au rythme des concerts de klaxon et chanté l'hymne national en agitant le drapeau de leur pays.
«Viva Ben Ali»
«Nous ne nous attendions pas à ce discours», a réagi un homme, Mohamed Ali, dans le quartier Lafayette à Tunis où quelques heures plus tôt la police avait ouvert le feu sur des manifestants.
«La chose la plus importante, c'est la liberté, la liberté, la liberté», a-t-il ajouté. Sonia Ayari, autre personne descendue dans la rue pour célébrer les annonces présidentielles, a souligné: «Nous saluons le courage de Ben Ali même si cela vient tard.»
A El Omran, un faubourg de la capitale tunisienne, des femmes sont descendues dans la rue en ignorant le couvre-feu imposé la veille. Elles ont scandé «Viva Ben Ali».
Dans les villes plus déshéritées de l'intérieur du pays, coeur de la contestation depuis un mois, des scènes de liesse ont été signalées. «Après une journée de violence, tout a changé. Il n'y a que de la joie ici maintenant», a rapporté Ismail Smida, syndicaliste à Tataouine à environ 500 km au sud de Tunis. «Environ 4.000 personnes sont sorties pour dire merci au chef de l'Etat.»
A Sidi Bouzid, d'où le mouvement est parti en décembre après le suicide par immolation d'un jeune homme, quelques personnes ont chanté et dansé pour exprimer leur joie, selon des syndicalistes sur place.
Des opposants sur les plateaux télé
Habituellement exempte de toute critique à l'égard du pouvoir, la télévision tunisienne a paru transformée. Des personnalités telles que l'opposant Taoufik Ayachi ou Naji Baghouri, président déchu du syndicat des journalistes tunisiens, sont apparues sur les écrans dans la soirée après avoir été systématiquement écartées auparavant.
Les téléspectateurs ont pu assister à un débat animé au sujet des médias tunisiens au cours duquel un intervenant a brisé un tabou en critiquant un membre de la famille du président. Le changement était aussi perceptible sur Internet, que les autorités tentaient auparavant de contrôler pour éviter la diffusion des images ou des mots d'ordre des contestataires. Les sites de partage de vidéos YouTube et Dailymotion ont recommencé à fonctionner et le site du journal français Le Monde était à nouveau accessible après plusieurs mois de blocage.
Avec Reuters
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