Ce qui aurait dû être une marche pacifique, à l'appel de la Coordination nationale pour le changement démocratique(CNCD), s'est ainsi transformé en rassemblement, à cause d'une armada policière déployée à Alger et à sa périphérie, dès le petit matin: les manifestants, 10.000 selon les organisateurs, 1.500 selon des sources policières, ont été cantonnés à la place du 1er-Mai, point de rendez-vous d'où devait s'ébranler la marche, en direction de la place des Martyrs, soit un parcours de cinq kilomètres.
Me Ali Yahia Abdenour, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, bien qu'âgé de 83 ans, a été la première personnalité de la Coordination à arriver sur place. Aussitô t, il est encerclé par une escouade de policiers qui tentaient de la convaincre de "rentrer chez lui".
"Vous ne nous empêcherez pas de manifester, votre armada policière ne nous impressionnera pas", ripostait vivement le vieux militant des droits de l'homme, prenant dans la foulée un coup sur la main avant de faire un malaise. "Un peu de respect pour son âge", a lancé, furieux, le numéro deux de la Ligue, Me Moustapha Bouchachi. Entre-temps, les manifestants ayant réussi à échapper aux barrages successifs dressés sur les routes menant vers Alger arrivaient par petits groupes place du 1er-Mai, aux cris de "Bouteflika dehors!", "non à l'Etat policier!"...
Face à la foule qui grossissait, la police s'était déployée en cordon circulaire pour empêcher les manifestants d'avancer. "Y 'en a marre de ce pouvoir!", "Algérie libre et démocratique", "pouvoir assassin!", scandaient les manifestants face au cordon de policiers retranchés derrière leurs boucliers.
Les plus déterminés ont été interpellés et embarqués dans des fourgons cellulaires vers les commissariats du Champ de Manoeuvres et de Cavaignac.
Au cours d'un point de presse improvisé, Ali Yahia Abdenour a fait état de "plus de 400 arrestations, dont des femmes et des représentants de la presse étrangère".
A ses cô tés, Saïd Sadi, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie(RCD), lance: "26.000 policiers pour empêcher une marche pacifique, cela témoigne non pas de la force, mais de la peur du pouvoir qui est aux abois. Nous allons continuer à manifester, à défier ce pouvoir jusqu'à ce qu'il tombe".
Face à la foule augmentant en nombre, la police a alors reçu l'ordre d'intervenir, tentant de fractionner des groupes de manifestants pour mieux les maîtriser.
Un groupe d'une vingtaine de jeunes pro-gouvernementaux, venus des cités entourant la place du 1er Mai, se mettent quant à eux à lancer d'autres slogans: "Bouteflika n'est pas Moubarak!", "Armée et peuple sont avec toi, Bouteflika".
Ali Ben Hadj, ancien numéro deux du Front islamique du Salut (FIS, dissous), arrivé sur la place, entouré de centaines de manifestants criant avec lui, "le système doit tomber!, le système doit tomber!", a été arraché par des policiers qui l'ont poussé dans le fourgon cellulaire.
Vers 13h, les manifestants ont commencé à se disperser, alors que les leaders de la Coordination avaient déjà quitté les lieux pour un rendez-vous avec la presse.
"Au-delà du chiffre, cette manifestation est une réussite, cela fait dix ans que les gens n'ont pas pu marcher à Alger, le mur psychologique de la peur est tombé, il faut maintenant savoir entretenir cette dynamique pour la faire aboutir à la chute du régime", a estimé Ali Rachedi, ex-premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS).
Et Me Bouchachi d'ajouter: "Nous allons continuer à nous battre, l'exemple nous est donné par nos frères tunisiens et égyptiens".
Les manifestations sont interdites en Algérie en vertu de l'état d'urgence en place depuis 1992, et dont la levée est une des premières revendications des manifestants. Cette marche intervient à un moment clé: le vent de révolte et de renouveau qui souffle sur le monde arabe a déjà fait tomber, en un mois, deux autocrates installés au pouvoir depuis des décennies. Un mouvement qui réveille les espoirs de démocratisation en Algérie, où la tension est forte depuis début janvier, marqué par cinq jours d'émeutes contre la hausse des prix alimentaires. Après avoir annoncé la baisse des prix du sucre et de l'huile, le pouvoir, craignant la contagion tunisienne, a annoncé la levée, dans un avenir proche, de l'état d'urgence.
Ce dernier avait été instauré lors de la décision, prise par l'armée en janvier 1992, d'interrompre le processus électoral législatif pour empêcher la victoire des islamistes du FIS. Une décision qui déclencha l'insurrection, plongeant l'Algérie dans une décennie sanglante de guerre civile et de massacres, qui fit quelque 100.000 morts, et dont le pays peine à se remettre.
Me Ali Yahia Abdenour, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, bien qu'âgé de 83 ans, a été la première personnalité de la Coordination à arriver sur place. Aussitô t, il est encerclé par une escouade de policiers qui tentaient de la convaincre de "rentrer chez lui".
"Vous ne nous empêcherez pas de manifester, votre armada policière ne nous impressionnera pas", ripostait vivement le vieux militant des droits de l'homme, prenant dans la foulée un coup sur la main avant de faire un malaise. "Un peu de respect pour son âge", a lancé, furieux, le numéro deux de la Ligue, Me Moustapha Bouchachi. Entre-temps, les manifestants ayant réussi à échapper aux barrages successifs dressés sur les routes menant vers Alger arrivaient par petits groupes place du 1er-Mai, aux cris de "Bouteflika dehors!", "non à l'Etat policier!"...
Face à la foule qui grossissait, la police s'était déployée en cordon circulaire pour empêcher les manifestants d'avancer. "Y 'en a marre de ce pouvoir!", "Algérie libre et démocratique", "pouvoir assassin!", scandaient les manifestants face au cordon de policiers retranchés derrière leurs boucliers.
Les plus déterminés ont été interpellés et embarqués dans des fourgons cellulaires vers les commissariats du Champ de Manoeuvres et de Cavaignac.
Au cours d'un point de presse improvisé, Ali Yahia Abdenour a fait état de "plus de 400 arrestations, dont des femmes et des représentants de la presse étrangère".
A ses cô tés, Saïd Sadi, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie(RCD), lance: "26.000 policiers pour empêcher une marche pacifique, cela témoigne non pas de la force, mais de la peur du pouvoir qui est aux abois. Nous allons continuer à manifester, à défier ce pouvoir jusqu'à ce qu'il tombe".
Face à la foule augmentant en nombre, la police a alors reçu l'ordre d'intervenir, tentant de fractionner des groupes de manifestants pour mieux les maîtriser.
Un groupe d'une vingtaine de jeunes pro-gouvernementaux, venus des cités entourant la place du 1er Mai, se mettent quant à eux à lancer d'autres slogans: "Bouteflika n'est pas Moubarak!", "Armée et peuple sont avec toi, Bouteflika".
Ali Ben Hadj, ancien numéro deux du Front islamique du Salut (FIS, dissous), arrivé sur la place, entouré de centaines de manifestants criant avec lui, "le système doit tomber!, le système doit tomber!", a été arraché par des policiers qui l'ont poussé dans le fourgon cellulaire.
Vers 13h, les manifestants ont commencé à se disperser, alors que les leaders de la Coordination avaient déjà quitté les lieux pour un rendez-vous avec la presse.
"Au-delà du chiffre, cette manifestation est une réussite, cela fait dix ans que les gens n'ont pas pu marcher à Alger, le mur psychologique de la peur est tombé, il faut maintenant savoir entretenir cette dynamique pour la faire aboutir à la chute du régime", a estimé Ali Rachedi, ex-premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS).
Et Me Bouchachi d'ajouter: "Nous allons continuer à nous battre, l'exemple nous est donné par nos frères tunisiens et égyptiens".
Les manifestations sont interdites en Algérie en vertu de l'état d'urgence en place depuis 1992, et dont la levée est une des premières revendications des manifestants. Cette marche intervient à un moment clé: le vent de révolte et de renouveau qui souffle sur le monde arabe a déjà fait tomber, en un mois, deux autocrates installés au pouvoir depuis des décennies. Un mouvement qui réveille les espoirs de démocratisation en Algérie, où la tension est forte depuis début janvier, marqué par cinq jours d'émeutes contre la hausse des prix alimentaires. Après avoir annoncé la baisse des prix du sucre et de l'huile, le pouvoir, craignant la contagion tunisienne, a annoncé la levée, dans un avenir proche, de l'état d'urgence.
Ce dernier avait été instauré lors de la décision, prise par l'armée en janvier 1992, d'interrompre le processus électoral législatif pour empêcher la victoire des islamistes du FIS. Une décision qui déclencha l'insurrection, plongeant l'Algérie dans une décennie sanglante de guerre civile et de massacres, qui fit quelque 100.000 morts, et dont le pays peine à se remettre.
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